Raquel Madrid
Nous nous sommes entretenus avec l’artiste de scène espagnole Raquel Madrid, qui s’apprête à participer au programme Circus Sessions, organisé par la compagnie Femmes du Feu en juin 2019 à Toronto.
Raquel Madrid est une artiste multidisciplinaire, directrice de la compagnie Dos proposicionesdanzateatro et membre de la communauté de danse andalouse.
Parlez-nous un peu de vous et de votre travail : quelle est la relation entre les deux ?
C’est une question très difficile… Je dirais que je dois travailler beaucoup. Travailler dans les arts du spectacle exige de la discipline, de travailler sur l’ordinateur, de suivre des cours, d’apprendre de nouvelles choses, de voyager, de créer, de voir de nouveaux spectacles… C’est une façon de vivre, et notre vie est absolument liée à notre travail. Tout ce que nous devons faire, nous devons l’aimer. Sinon, ça ne marche pas.
Parlez-nous du parcours qui vous a amené là où vous êtes professionnellement.
Je pense que si j’en suis là, c’est grâce à deux choses : tout d’abord à ma curiosité artistique, car j’aime découvrir et approfondir les compétences artistiques ; ensuite à mon travail acharné, car ce n’est pas du tout un métier facile.
Qu’aimez-vous dans votre travail ?
D’une part, ce travail m’oblige à me connecter avec moi-même, avec les autres et avec le monde, et si je suis connecté à tout, je me sens en paix.
D’autre part, si je touche le cœur de quelqu’un qui regarde mon spectacle, c’est vraiment comme si je faisais de la magie. C’est ce qui m’arrive lorsque je regarde des spectacles d’autres artistes, cela peut me changer, me faire penser et me faire sentir différemment qu’avant de venir au théâtre. C’est un sentiment étonnant et puissant pour moi.
Racontez-nous une anecdote sur vos débuts en tant qu’artiste.
Lors de mon premier emploi en tant qu’acrobate aérien, j’ai menti… J’ai dit que j’étais un expert en soie aérienne, mais que ma pratique principale était la corde aérienne. Cependant, après avoir travaillé dur pour l’audition, j’ai obtenu le poste !
Qu’est-ce qui est unique dans votre travail ?
Les œuvres artistiques et les créations dépendent de l’artiste. Vous devez apprendre des autres autant que vous le pouvez ou autant que vous aimez leur technique, mais à la fin, c’est vous qui serez sur scène - et pas les autres, pas votre professeur. La connexion avec vous-même est donc cruciale - votre vie, vos propres choses, le fait d’être sur scène - et c’est ce qui fait la différence.
Pour être honnête, mon principal objectif est d’être en contact avec le public et de faire preuve de générosité à son égard.
Qu’est-ce qui vous a amenée au Canada ? Quelle est votre relation avec ce pays ?
Dans ma vie quotidienne, je passe beaucoup de temps sur l’ordinateur à essayer de trouver des offres d’emploi en ligne. J’ai trouvé le formulaire de candidature pour Femmes du Feu; je l’ai trouvé très intéressant et je l’ai rempli. C’est une chose assez habituelle pour moi. Je soumets normalement beaucoup de candidatures pendant la semaine, on ne sait jamais ce qui peut se passer et quand la réponse à l’e-mail sera positive. Dans ce cas, c’était un énorme OUI de la part de Holly, la directrice artistique.)
Avant cela, je suis venue à Montréal il y a quelques années pour représenter la Fédération nationale de danse d’Espagne. Nous avons participé à des salons des arts du spectacle dans le monde entier afin de promouvoir les compagnies de danse espagnoles, d’apprendre ce qui se passe là-bas, dans d’autres pays, et bien sûr de favoriser les relations internationales.
Avez-vous de nouveaux projets en tête ? Sur le plan professionnel, quelle direction prenez-vous ?
Oui, je commence un nouveau projet pour un théâtre. Je pense que ce sera ma 14e production jusqu’à présent. Je suis très enthousiaste. Elle sera coproduite par quatre artistes. Voyons ce qui va se passer !
Quel objet emporteriez-vous sur une île déserte ou dans une cabane isolée dans la forêt ?
Mmm… un briquet ! Pour faire du feu, me protéger et cuisiner.
Que voulais-tu faire quand tu serais grand ?
Une artiste… Une danseuse, une actrice, une chanteuse.
Un endroit particulier pour vous en Espagne ?
La maison de mes parents, là où sont mes racines.
Quelle est la chanson qui vous trotte dans la tête ?
Me quedo contigo de Rosalia.
Quel livre emportez-vous dans votre sac à dos ?
Le dernier livre d’Isabel Allende.
Parlez-nous d’un film qui vous a particulièrement marqué.
Il est difficile de mettre en avant un film particulier car j’adore le cinéma. Il y a beaucoup de films qui m’ont marqué. J’aimerais parler de ce que je regarde en ce moment, parce que je pense que c’est une œuvre extraordinaire : The handmaid’s Tale. L’histoire, les personnages, le scénario, les costumes, tout est formidable. Mais si je devais citer un film, je dirais n’importe lequel des films de Tarantino.
Parlez-nous d’un spectacle ou d’une représentation spéciale pour vous ?
Je dis toujours qu’il y a trois spectacles spéciaux qui m’ont fait changer d’avis sur les arts du spectacle : Le Salon de Peeping Tom, La chambre d’Isabella de Needcompany, et “Blush” d’Ultimavez.
Et une œuvre d’art ?
Lorsque je suis allée à Florence, la Primavera de Botticelli m’a tiré des larmes, et La nuit étoilée de Van Gogh m’a également profondément impressionnée lorsque je l’ai vue au MOMA de New York.
Si vous pouviez changer quelque chose — n’importe quoi — que changeriez-vous ?
Il est nécessaire de changer notre mentalité à l’égard de notre environnement. Il y a urgence pour notre planète.